Hommage au poète disparu

 

Le 1er juin 1885, le corbillard des pauvres conduit la dépouille de Victor Hugo au Panthéon.

Le poète est mort dix jours plus tôt, à 83 ans.

Le 31 mai, son cercueil est exposé sous l'Arc de Triomphe drapé de noir et le lendemain, plus d'un million de personnes l'accompagnent au Panthéon.

Anciennement église Sainte-Geneviève, celui-ci est réouvert à cette occasion et devient le mausolée des gloires nationales.

C'est la première fois dans l'histoire de l'humanité qu'un poète reçoit de pareils hommages.

Victor Hugo, il est vrai, a non seulement cumulé tous les talents (littérature, poésie, théâtre, dessin) mais aussi témoigné sa vie durant de convictions élevées, en harmonie avec son temps.

Un poète d'influence

Sa jeunesse se partage entre la nostalgie de l'Empire et le soutien à la Restauration monarchique.

A l'avènement de Louis-Philippe 1er, il s'affiche en chef de file de l'école romantique avec Notre-Dame de Paris et Hernani.

Devenu académicien et pair de France, Victor Hugo fait bientôt figure de fossile auprès des nouvelles générations: Flaubert, Stendhal,...

La mort tragique de sa fille Léopoldine, en 1843, le détourne de toute nouvelle publication.

Mais la révolution républicaine de 1848 réveille sa conscience politique. Il se fait le champion de la «Révolution des peuples»,  de l'abolition de la peine de mort, de la justice sociale et en appelle à la création des États-Unis d'Europe.

Le coup d'État du prince président Louis-Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, l'oblige à l'exil.

Paradoxalement, cette fuite de 20 ans vers Bruxelles, puis Jersey et enfin Guernesey, lui vaut une seconde naissance.

L'exilé publie alors ses plus grands chefs-d'œuvre et devient pour les jeunes écrivains un maître incontournable et respecté.

Les Misérables, en 1862, lui valent une popularité universelle. Des ouvriers se cotisent pour acheter l'œuvre et se la passer de main en main.

Victor Hugo ne consent à rentrer à Paris qu'au lendemain de la proclamation de la République. Le vieillard traverse Paris au milieu d'une foule émue et reconnaissante.

Le jour de ses 80 ans, les Parisiens jonchent de fleurs son avenue et la municipalité lui donne le nom d'avenue Victor Hugo!

Aux côtés de son contemporain Louis Pasteur, le poète symbolise le triomphe de la République et la plus grande gloire de la culture française