LA FRONTIERE

Terme qui apparaît au début du XIVéme siècle comme l 'adjectif féminin du substantif "front ", le terme aurait été employé dans un acte royal de Louis X le hutin concernant les zones des châteaux construits face à la flandre.

La frontière n 'était que la ligne séparant les territoires des Etats limitrophes. Au XIVe siècle, jusqu 'à la fin du XVII siècle, on se sert du mot frontière pour désigner la partie la plus menacée des limites du royaume ( Roger Dion les frontières de France 1947 ). En ancien français, le verbe " frontier " ou " frontoyer " signifiait " tenir tête "

La Picardie était alors une frontière, définitivement au domaine royal à la mort de Louis XI en 1483. Les frontières sont déterminées en fonction des considérations stratégiques. (Jean Lestocquoy ). Les villes sont obligées de se transformer en forteresses, comme St Quentin, Ham, Péronne. Le cours de la Somme, rivière difficile à franchir sur les ponts improvisés (Théophile Lavallée les frontières de France ) est donc gardée par ces forteresses. On modernise les places fortes de Guise, Corbie, Péronne (1631-1632 )

Après l 'annexion des deux tiers de l 'Artois et d 'une partie du Hainaut au traité de Nimegue en 1678, la Picardie cesse d 'être une frontière politique et militaire.La frontière est reportée dans le Nord.

Vauban concentre sa force militaire plus au Nord, en élaborant une solide frontière constituée par une double ligne de places fortes ; contrairement à Jean Errard (1554-1610 ) qui croit consacrée son énergie à la mise en place de places fortes le long de la Somme ( Montreuil, Doullens, Ham, Amiens) .Louis XIV " confiait qu 'en cas d 'extrême danger, il considérait ses places comme le lieu ultime où faire porter la défense du royaume "

La Picardie n 'est plus une frontière militaire (Jean Gollet ) mais la trace d 'une ancienne frontière fiscale séparant la Picardie, payé de grande gabelle de l 'Artois, qui conserve un régime fiscal spécifique.

Le recul de la Picardie plus au Nord, assure un répit mais les conflits ramènent sur ces terres l 'invasion et la guerre. Au cours de l 'année 1870-1871, la séparation de la zone occupée et de la zone non occupée, traverse l 'espace Picard, d 'est en Ouest, et rappelle la position de la frontière, qui était la Somme. La ligne intermédiaire reliant la Fère à Laon, dans ce conflit est bien la ligne de défense passant par la Picardie, historiquement à toujours été terre de frontière et terre de guerre

Au cours du premier conflit mondial, la frontière n 'était pas fixe, suite au front de la guerre, mais la Somme restera le secteur de front occidental où le tracé de la ligne de feu a été le plus mouvant

Le recul d 'Hinderburg en 1917, libéra la quasi-totalité du département de la Somme. En 1914, on connaît une nouvelle frontière celle de la zone occupée qui sépare la zone interdite

Source : Picardie terre de frontière actes du colloque (26.04.1997 ) Anne Duménil et Philippe Nivet Edition encrage BP 0451 Amiens 80004