Une timide reprise s'étale de 1881 à 1883, très vite balayée par un nouveau ralentissement en 1884, qui plonge l'activité dans une crise connue dans le textile, la concurrence suisse est toujours plus forte. Les entrepreneurs accusent la Suisse d'envoyer du personnel formateur syndicalisé pour perturber la situation de la broderie saint-quentinoise.

Avec la broderie, le secteur du tulle vit les mêmes difficultés, mais sa reprise arrive dés 1890 où les ventes sont excellentes. La production est de qualité, grâce aux efforts consentis pour améliorer le matériel. La broderie reprend son activité en 1895, mais les stocks alourdissent la reprise.

La broderie, tulle et guipure est l'activité comportant le plus d'entreprises. En 1872, les 12 ateliers Saint-quenitnois comptaient 200 machines, en 1884 on passe à 40 ateliers qui emploient 2 000 ouvriers avec 800 métiers à broder et 500 machines à coudre.

La plus grande entreprise de tulle est la société Cliff et Cie ( rue de la Chaussée Romaine). Elle développe le piqué (en inventant le molletonnage du revers du piqué), ce qui marque la fin de la dépendance de Saint-Quentin pour cet article face à l'Angleterre. Les 32 métiers à blondes gagnent 64 000 francs par semaine, les 30 dépôts parisiens ne suffisent pas à alimenter la demande, les effectifs sont de 1 000 ouvriers.

Parmi la myriade des autres entreprises, nous avons beaucoup d'industriels étrangers, Bernheim Frères ( 30 rue Wallon Montigny), Graf et Cie ( rue des Cordeliers), Wormser et Cie, Vve Julien Daltroff et Cie ( Harly), West-Thir.

Le secteur n'est pas exclusivement étranger, on retrouve la société Decaudin Béguin ( 33 rue Richard Lenoir), Camus Fagnet, Tréves ( 177 rue de Cambrai), Trocmé ( 54 rue Quentin Barré), Sébastien (11 Chemin de Rouvroy), Alfred Magnier, Cornaille et Cie.

Sa société industrielle (fondée en 1869) regroupe l'ensemble des entrepreneurs saint-quentinois, dans le but de favoriser la diffusion de la production locale au niveau national et international, mais aussi dans un esprit philanthropique afin de promouvoir la formation professionnelle auprès du plus grand nombre.

L'activité textile regroupe de nombreuses entreprises qui font de la production saint-quentinoise un pôle de diversité et de qualité de la production. Outre les entreprises de peignage, filature et tissage de la laine et du coton ( aux alentours de 20 établissements durant la période étudiée ), on rencontre les broderies ( environ 50), les fabriques de tulles et guipures (moins de 10), puis, pour le traitement de ces tissus, à peu prés 10 blanchisseries et 20 teintureries.

L'industrie métallurgique et mécanique est elle aussi bien représentée par ses fonderies (de 15 en 1869 à 10 en 1914), la chaudronnerie et les ateliers de constructions mécaniques ( de 7 en 1869 à 24 en 1914) ; le bâtiment est un autre secteur actif avec plus d'une dizaine de briqueteries, usines à plâtre, usines à chaux et à chaux hydraulique, serrureries et scieries, les entreprises de construction, au nombre de 16 en 1869 sont en 1914 de 26.

Dernier des fleurons de l'industrie saint-quentinoise, les entreprises de traitement des matières premières au premier rang desquelles on trouve la distillerie, les brasseries ( de 12 à 15 entre 1869 et 1914), les huileries et minoteries, et dans un secteur nonalimentaire l'usine à gaz, les caoutchouteries, les savonneries, les fabriques de noir animal.

Les fonctions commerciales de la ville sont dynamiques, outre le marché au sucre, la halle au grain et le marché aux chevaux font de la ville une place d'échanges, les citadins peuvent aisément s'approvisionner sur les marchés (dont les Halles construites en 1893), ou chez de nombreux commerçants

Sont regroupés sous le terme « autres industries », les entreprises de distillerie, produits chimiques et la production d'huile.

L'activité la plus en difficulté est la production d'huile de colza pendant toute la décennie 1870. La situation est très critique, d'autant qu'il s'agit des dernières années d'utilisation d'un tel produit.

Sa production dépasse bien souvent la demande, les cours sont très bas ( en 1874, les producteurs de la région saint-quentinoise se demandent s'ils ne vont pas tout simplement stopper la production définitivement).

La production baisse de 33 % en 1877. Le principal responsable de ce déclin est le pétrole, dont la consommation se développe à cette époque. Les fabricants d'huile de colza demandent une augmentation de l'impôt sur les produits pétroliers, mais cela n'aura aucun effet sur la consommation. La situation ne s'améliore pas pendant la décennie 1880, et surtout à partir de 1884 jusqu'en 1896.

La distillerie, elle, est à peu prés le seul secteur qui traverse la décennie 1870 sans être en crise. De 1869 à 1877, l'activité bat son plein ( en 1872, on assiste à une pénurie de main d'oeuvre les cours sont stables, la demande est importante, ce qui a un puissant effet d'entraînement sur la production. Les marchés étrangers sont très demandeurs des produits de la distillerie saintquentinoise, surtout les pays asiatiques qui figurent parmi les premiers clients.

 

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