Des Francs aux Capétiens. Vers 480, le cours de la Somme marque la limite entre le royaume des Francs saliens et ce qui subsiste de la Gaule romaine. La défaite de Syagrius face à Clovis, à Soissons en 486, inaugure la conquête de la Gaule par les Francs. Les vallées de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne forment ensuite le coeur du pouvoir mérovingien: les rois y possèdent de vastes domaines et y séjournent souvent. Au VII e siècle sont fondées les grandes abbayes de Corbie et de Saint-Riquier (à l'est d'Abbeville).

La réalité du pouvoir passe ensuite aux mains des abbés, évêques, comtes, etc., comme ailleurs dans le royaume. En revanche, les tentatives de constitution d'un vaste domaine féodale dans la première moitié du Xe siècle ,le Comte Herbert de Vermandois, parvient à réunir L’Amiénois, le Véxin, le Laonnois ,et Reims qui durera jusqu’à sa mort ( 942 )

Alors que se mettent en place le comté de Flandre, le duché de Normandie et le comté de Champagne, rien de tel ne se produit au nord de Paris. Les premiers rois capétiens demeurent les maîtres du jeu, d'autant qu'ils s'appuient sur l'Église, richement dotée dans la région, et sur les nombreux domaines qu'ils tiennent des Carolingiens et des Mérovingiens. Seul le comté de Ponthieu, instauré en 1043, acquiert une certaine importance.

De la fin du XI e siècle à la guerre de Cent Ans (1337-1453), peu de conflits affectent la région, dont l'agriculture accomplit de grands progrès: le froment y tient déjà une place importante. Plusieurs villes obtiennent des chartes communales dès le début du XIIe siècle: Saint-Quentin, Beauvais, Noyon, Laon, Amiens, Soissons,

Notre origine

L'origine du qualificatif " picard " demeure enigmatique. La première mention connue remonte aux environs de l'an 1100: elle concerne un certain Willelmus Picardus (Guillaume le Picard), mort au siège de Jérusalem. Picard devient peu à peu un nom de famille. Mais qu'est-ce qu'un Picard? C'est quelqu'un qui s'exprime en picard, dialecte de langue d'oïl. Les noms de "pays picards), apparaît dans le vocabulaire administratif au XVIe siècle, et le nom de "" Picardie "" au siècle suivant (institution du gouvernement de Picardie en 1483).

Cela devient manifeste au milieu du XIIe siècle, quand une nation picarde ", regroupant les étudiants originaires du nord du royaume, se forme à l'Université de Paris. L’aire du picard inclut alors le Boulonnais, l'Artois, la Flandre ‘gallicante ‘" (Lille, Douai), le Hainaut et le Cambrésis. Au sud, elle s'étend jusqu'à Laon, Soissons, Compiègne et Beauvais.

La guerre de Cent Ans et ses suites.

Par le jeu des successions, le roi d'Angleterre est devenu comte de Ponthieu à la fin du XIIIe siècle. Dès le début de son conflit avec Édouard 111, le roi de France Philippe VI confisque le Ponthieu 1337), en même temps que la Guyenne, Edouard III prend sa revanche en 1346: ayant débarqué en Normandie, il écrase la chevalerie française à Crécy (en Ponthieu), mais la guerre se poursuit. De plus éclate en 1358, dans toute la Picardie, une grande jacquerie, révolte des paysans contre les nobles ayant failli dans leur tâche de défense face aux Anglais. Le traité de Brétigny (1360) restitue le Ponthieu au roi d'Angleterre, mais les Français le reconquièrent... et la guerre continue dans le Boulonnais jusqu'à la fin des années 1380.

Elle reprend en 1415: Henri V d'Angleterre, lui aussi débarqué en Normandie, vainc à son tour la chevalerie française à Azincourt (en Artois). Les ducs de Bourgogne, qui tiennent la Flandre et l'Artois, entrent alors en scène: en 1420, le duc Philippe le Bon s'allie aux Anglais. Les Français et les Bourguignons (mais non les Anglais) font la paix en 1435 (traité d'Arras). Charles VII reconnaît alors à Philippe le Bon la possession du Boulonnais, du Ponthieu et des "" villes de la Somme" (Abbeville, Amiens, Corbie, Péronne et Roye et leur plat pays).

Louis XI rachète en 1463 les villes de la Somme... que les Bourguignons reprennent deux ans plus tard. En 1468 (entrevue de Péronne), Charles le Téméraire impose à Louis XI l'abandon définitif desdites villes. Louis XI reprend néanmoins Amiens en 1471. L’année suivante, Charles assiège Beauvais, héroïquement défendue par Jeanne Hachette... Pour finir, la mort de Charles (1477) permet à Louis XI de récupérer la Picardie et le Boulonnais et de s'emparer de l'Artois.

Une province frontière. En 1493, la rétrocession de l'Artois aux Habsbourg, héritiers des ducs de Bourgogne, fait de la Picardie une province frontière. Si les guerres menées ensuite par François Ier et Henri II contre les Habsbourg (d'Autriche et d'Espagne) affectent surtout l'Artois, la Picardie souffre aussi des incursions ennemies. En 1557, les Français subissent, aux portes de Saint-Quentin, une grave défaite face aux Espagnols

Les difficultés financières des deux adversaires les conduisent néanmoins à négocier: le traité de Cateau-Cambrésis (1559) ramène la paix.

La Réforme, pendant ce temps, n'a guère fait d'adeptes en Picardie. Jean Calvin (1509-1564), né à Noyon, n'y revient plus après 1434. Les guerres de Religion (1562-1598) n'épargnent pourtant pas la province. Dans le cadre de la guerre de Trente Ans (1618-1648), un conflit oppose à nouveau la France à l'Espagne à partir de 1631. La prise de Corbie par les Espagnols, en 1636. provoque l'effroi des Parisiens, mais les armées françaises rétablissent bientôt la situation. En 1659 (traité des Pyrénées). l'acquisition par la France des deux tiers de L'Artois et d'une partie du Hainaut reporte la frontière plus au nord. Louis XIV poursuit cette expansion, de telle sorte que la Picardie ne se trouve plus en première ligne. Signe des temps, en 1678, Vauban fait déclasser les fortifications de Saint-Quentin, jugées inutiles.

voir aussi Picardie 3

 

Source :Provinces et Régions- la Picardie : Bibliothèque de Saint Quentin